Etude du Kovets de 'Houkat-Balak – "Moché devait-il répondre à Zimri ?" - Rav Levi Azimov
Kovets
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Mekorot
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MAKOROT
1 - Dans notre Paracha : L’attaque personnelle de Zimri contre Moché Rabénou
Balak 25, 1 : Israël s’établit à Chittîm. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moav. …Puis, un israélite (Zimri) s’avança, amenant parmi ses frères la Midianite (Kozbi), aux yeux de Moché et de toute la communauté des enfants d’Israël, et eux pleuraient au seuil de la tente d’assignation.
Rachi : Aux yeux de Moché. Ils lui ont dit : « Moché ! Cette femme est-elle interdite ou permise ? Et si tu dis qu’elle est interdite, la fille de Yitro, qui te l’a autorisée ? »… Et eux pleuraient. La règle à appliquer, laquelle stipule que « tout celui qui s’accouple avec une Aramith, que ceux qui manifestent du zèle le frappent à mort ! » échappa à Moché, …et ce, afin que Pin‘has se présente pour prendre la part qui lui était due.
2 - Analyse (a) : Pourquoi Tsipora était-elle effectivement autorisée à Moché ?
Rachi sur Guemara Sanhendrin 82a : La fille de Yitro, qui te l’a autorisée. Moché s’était marié avant le don de la Torah ; or, au moment où la Torah fut donnée, tous [les enfants d’Israël] avaient le statut de Noa’hides et ils devinrent assujettis au Mitsvot ; elle était donc avec eux, ainsi que de nombreux convertis du Erev Rav.
Likouté Si’hot : Zimri, qui était chef de tribu, ignorait-il la différence évidente entre un mariage antérieur au don de la Torah et celui qui lui était ultérieur ?! D’autre part, pourquoi ne voit-on pas dans la Guemara que Moché ou quelqu’un d’autre ait répondu à cet argument que Zimri souleva devant Moché ?
3 - Analyse (b) : Moché, le Cohen, avait-il le droit de se marier avec une convertie ?
Tossefot sur Guemara Yevamot 61a : Une femme convertie est interdite à un Cohen, même si elle a moins de trois ans, car elle provient des nations qui se maintiennent dans la débauche. Cet interdit est biblique.
Emor 21, 7 : Une femme prostituée ou déshonorée, ils ne prendront point ; une femme divorcée par son mari, ils ne prendront point. …Quant au Cohen [Gadol], il ne prendra pas une veuve ni une femme divorcée, déshonorée ou prostituée ; seule une femme vierge d’entre son peuple, il prendra pour femme.
Guemara Zeva’him 101b : Rav dit : Moché notre maître était Cohen Gadol et recevait sa part dans les choses sacrées. Les Sages disent : Moché n’était Cohen que pour sept jours d’inauguration [du Tabernacle].
4 - Développement : Zimri argumentait-il sur la non-judéité ou sur la conversion ?
Likouté Si’hot : Zimri, avec son argument « la fille de Yitro, qui te l’a autorisée », faisait effectivement
allusion à l’interdiction faite au Cohen d’épouser une convertie. Le rapport entre cet interdit et celui de la « Midyanite » est que l’interdiction de la convertie est liée au fait « qu’elle provient des nations idolâtres (les Aramim) qui se maintiennent dans la débauche ». Toutefois, les questions subsistent : (a) comment, de fait, répondre à cet argument ? (b) Et, pourquoi cette réponse n’a-t-elle pas été donnée à Zimri ?
5- Annexe : Et si Moché avait effectivement divorcé discrètement de son épouse…
Guemara Chabbat 87a : Trois éléments furent introduits par Moché de sa propre initiative et D.ieu lui donna Son accord : Il rajouta un jour supplémentaire [de préparation au don de la Torah], il se sépara de son épouse (il l’a divorça lorsqu’il voulut accéder à la prophétie – voir Rachi sur Beha’alote’ha 12, 1) et il brisa les Tables de la Loi.
6 - Explication : Moché s’était marié avant que cet interdit ne soit promulgué
Guemara Yevamot 61a : Michna. Si un simple Cohen se fiance avec une femme veuve, puis qu’il est
nommé Cohen Gadol, il pourra [finaliser] son mariage. Guemara. D’où le sait-on ? Car il est écrit (Emor ibid.) « il prendra pour femme » (ce mot est superflu, le texte aurait pu dire : « seule une femme vierge .. il prendra » - Rachi).
Likouté Si’hot : A fortiori dans notre cas, où le mariage était déjà contracté, et d’une manière permise : même après que Moché soit devenu Cohen, la fille de Yitro lui restait permise, bien qu’elle ait été convertie.
7 - Zimri ne savait-il pas tout cela ? Et pourquoi Moché ne répond rien à Zimri ?
Likouté Si’hot : Zimri n’était pas d’accord avec cette interprétation de la Torah orale sur le mot « pour femme » et, d’après lui, Moché devait donc divorcer. Cependant, Moché ne pouvait pas lui répondre en lui expliquant cette interprétation, car la Hala’ha stipule (Rama, Yoré Déa 242) qu’un Sage qui enseigne une Hala’ha sur laquelle il est personnellement concerné n’est pas habilité à dire : « ainsi j’ai reçu de mes maîtres ».
8 - Enseignement : Doit-on s’efforcer à répondre à toutes les questions d’autrui ?
Likouté Si’hot : Il n’est pas toujours nécessaire de répondre aux questions d’autrui : parfois, cette personne cherche, avec sa question, à autoriser une Midyanite ! Si son intention est bonne, il faut « répondre (même) à l’insensé selon sa sottise » (Proverbes 26, 5). En revanche, s’il cherche à autoriser ce que la Torah interdit : « il ne faut pas répondre à l’insensé selon sa sottise » (Proverbes 26, 4). Le moyen de vaincre un tel opposant n’est pas le dialogue, mais bien par la détermination transcendant toute rationalité.
Guemara Souccah 52b : Si le mauvais penchant [t’attaque] – tire-le vers la maison d’étude ! S’il [est dur] comme la pierre – il fondra, s’il est [tenace] comme du fer – il explosera !
9 - Le lien entre la conduite de Pin’has et celle du Rabbi précédent (libéré le 12 Tamouz)
Likouté Si’hot : Pin’has ne laissa pas entraîner dans le dialogue et, s’il avait demandé, on ne lui aurait pas dit de le faire. Il se mit en danger, en tuant Zimri, afin de venger la vengeance divine – par une méthode rigoureuse.
Le Rabbi [précédent], dont nous célébrons la libération et la joie, ne tint pas compte des arguments de certaines personnes qu’il n’était nécessaire de risquer sa vie pour chaque chose. Puisqu’il s’agit d’une cause divine, il mit concrètement sa vie en danger, constamment, afin de diffuser la Torah et le judaïsme. Cependant, chez un Chef d’Israël, même la « vengeance divine » se fait par une méthode généreuse et bénie, avec bonté et miséricorde !