Etude du Kovets Béchala'h – "La terreur des Nations et du Yetser Hara"- Rav Levi Azimov
Kovets
https://hassidout.org/wp-content/uploads/2023/01/Kovets-Bechalah-5783.pdf
Mekorot:
https://hassidout.org/wp-content/uploads/2023/01/Mekorot-bechalah-5783.pdf
MEKOROT
1 - Dans notre Paracha : L’annonce de la « terreur » qui s’abattra sur les Nations
Bechala’h 15, 16 : La terreur et la crainte s’abattront sur eux ; la majesté de Ton bras les rendra immobiles comme la pierre, jusqu’à ce qu’il ait passé, Ton peuple, D.ieu ! Qu’il ait passé, ce peuple acquis par Toi.
Rachi : La terreur s’abattra sur eux. Sur ceux qui sont éloignés ; Et la crainte. Sur ceux qui sont proches, ainsi qu’il est écrit (Josué 2, 10) : « Car nous avons appris comment l’Eternel a mis à sec [devant vous les eaux de la mer des Joncs, quand vous êtes sortis de l’Egypte] ».
Jusqu’à ce qu’il ait passé… jusqu’à ce qu’il ait passé. Il faut l’expliquer comme le fait le Targoum Onqelos (que cela fait référence aux passages de Arnone et du Jourdain, pour entrer en Terre d’Israël).
« La terreur et la crainte s’abattront sur les Nations » - « lointaines » et « proches ».
2 - Analyse : Les « lointains » auraient-ils peur avant les « proches » de la scène ?
Sifté ‘Ha’hamim sur Rachi : Pourquoi cela ne serait pas le contraire : « la terreur » pour ceux qui sont proches puis « la crainte » pour ceux qui sont éloignés ; celui qui est proche n’a-t-il pas peur avant celui qui est éloigné ?
Rabénou Be’hayé : La terreur et la crainte s’abattront sur eux. D’après le sens simple, « la terreur » fait référence à ceux qui sont proches et « la crainte » à ceux qui sont éloignés, ainsi qu’il est écrit : « Car nous avons appris comment l’Eternel a mis à sec devant vous les eaux de la mer des Joncs ».
La chronologie de la peur, d’abord du « distant » puis celle du « proche », ne suit pas l‘ordre logique.
3 - Développement : La différence de style entre ce verset et les versets antérieurs
Bechala’h 15, 14-15 : Les peuples s’inquiétèrent, un frisson s’empara des habitants de la Philistée. Les chefs d’Édom tremblèrent ; les vaillants de Moab furent saisis de terreur, tous les habitants de Canaan se sont fondus.
Likouté Si’hot : Dans les versets précédents, le texte s’exprime au passé, pour raconter un évènement qui a déjà eu lieu. Dans notre verset, par contre, le texte s’exprime au futur, car il s’agit d’une prière ou d’une prophétie sur l’avenir : les enfants d’Israël demandent ou prophétisent que la crainte actuelle (par le miracle de l’ouverture de la mer) continuera « jusqu’à ce que [le peuple juif] ait passé » le Jourdain vers la Terre d’Israël.
Les versets antérieurs du cantique racontent le passé, alors que ce verset est une prière, une prophétie du futur.
4 - Explication : Ce verset fait référence à une « peur » ultérieure des Nations
Likouté Si’hot : A l’avenir, lorsque les enfants d’Israël traverseront le Jourdain, ce qui les concernera sera surtout la situation des Nations qui pourraient entraver leur entrée en Israël ; or, ces Nations sont « éloignées » de la mer des joncs. C’était donc la demande ou la prophétie des enfants d’Israël : que la crainte inspirée par la traversée de la mer, entendue « de loin » par ces Nations, reste gravée dans leur coeur ; et c’est ce qui arriva, comme Ra’hav en témoigna, quarante ans plus tard, aux émissaires de Yehochoua. A plus forte raison que cette peur était toujours présente chez ceux qui l’ont vécue « de proche », ce qui eut pour effet d’intensifier la crainte générale de tous !
Ce verset fait référence à la peur que l’évènement actuel inspirera ultérieurement aux « habitants lointains » de Canaan.
5 - Seconde explication : Proximité de la « mer » ou de la « Terre d’Israël » ?
Rachi sur Bechala’h 15, 15 : Les chefs d’Édom, les vaillants de Moab. Ils n’avaient pourtant rien à craindre des enfants d’Israël, puisque ce n’est pas contre eux qu’ils marchaient ! Mais c’est en raison du chagrin et de l’affliction que leur causait la gloire d’Israël. [Tous les habitants de Canaan] se sont fondus. Ils disaient : « Ils viennent sur nous pour nous détruire et pour prendre possession de notre terre ! ».
Likouté Si’hot : La « proximité » évoquée par Rachi ne fait pas référence à la distance de la mer, mais plutôt, comme Rachi l’a expliqué dans le verset précédent, à la destination : la Terre d’Israël. Ainsi, les Nations « éloignées » de la terre d’Israël n’avaient pas de souci à se faire pour leur territoire, mais avaient néanmoins peur de la puissance d’Israël. Par contre, les Nations « proches », les habitants de la Terre de Canaan, avaient peur d’être renvoyés de leur terre… Ainsi, cela explique l’ordre employé par Rachi : tout d’abord ceux qui sont « éloignés » (Amon et Moab) eurent peur, et ce n’est qu’ensuite que la peur arriva aux « proches », aux habitants de Canaan.
La notion d’ennemi « éloigné » ou « proche » fait aussi référence à sa distance de notre destination : la Terre d’Israël.
6 - Approfondissement : L’ennemi proche et l’ennemi lointain, dans le service divin
Likouté Si’hot : La guerre d’Israël avec les Nations fait aussi allusion à la guerre contre le Yetser Hara, chaque Juif ayant le devoir de « conquérir » les sept mauvais attributs de son âme animale pour les placer sous le contrôle de la sainteté. Ainsi, les « Nations éloignées des Juifs » font référence à des désirs tellement abjects, au point qu’un Juif en est naturellement « éloigné », c’est absolument improbable qu’il y succombe ; et pourtant, le mauvais penchant peut prendre parfois le dessus, et après avoir plongé l’homme dans de nombreux désirs, le faire trébucher aussi par ces désirs, puisse D.ieu nous en préserver. Les « Nations proches » font référence aux mauvais traits de caractère plus probables chez un Juif ; l’essentiel de la guerre est de se renforcer et ne pas succomber à ces désirs.
Dans le service divin, la proximité ou la distance de l’ennemi se fixent en fonction de la probabilité qu’un « désir » puisse intéresser un Juif.
7 - Enseignement : L’aide divine pour vaincre toutes les catégories d’ennemis !
Guemara Souccah 52b : Le mauvais penchant de l’homme se renforce contre lui tous les jours et souhaite le tuer ! Si ce n’était D.ieu qui aidait l’homme, ce dernier n’aurait pas pu tenir devant le mauvais penchant.
Likouté Si’hot : C’est là le sens profond du verset : D.ieu sème « la terreur et la peur » chez le mauvais penchant afin qu’il ne parvienne pas à se renforcer et à dominer un Juif, que D.ieu nous en préserve. On comprend donc l’ordre de cette aide divine : tout d’abord, aider l’homme à être dissocié des désirs « éloignés » de lui ; ensuite cette aide s’intensifie pour faire peur au mauvais penchant, au point qu’il n’arrive même plus à pousser l’homme aux désirs plus « classiques » ; l’homme finira par conquérir son mauvais penchant, pour le transformer en bien !
Enseignement : D.ieu aide le Juif en l’écartant naturellement des « désirs improbables », mais aussi en l’éloignant des désirs plus « classiques » du mauvais penchant, pour le transformer en bien !
8 - Annexe : L’importance de l’étude du « ‘Hitate », pour éloigner les obstacles !
Quelques extraits de l’annexe au ‘Hitate (‘Houmach, Tehillim, Tanya) : « L’étude de la Paracha avec Rachi permet de "vivre avec le temps" de la Paracha. La lecture des Tehillim répare l’âme et la purifie, adoucit les jugements célestes. Le Tanya éveille le "Ethane", la puissance de l’âme ; ce livre constitue une "Ketoret", de l’encens contre toutes les épidémies spirituelles de la fin de temps. L’étude du ‘Hitate produira la réalisation du verset : "Et il y eut la terreur divine (‘Hitate Elokim) sur toutes les villes, et ils voyagèrent…" (Vayichla’h 35, 5), pour arriver paisiblement à la délivrance finale. Celui qui est expert dans les lettres du ‘Houmach, du Tehillim et du Tanya brisera tous les voiles et les occultations … afin de réussir, "la main haute", matériellement et spirituellement ! »
L’importance du « ‘Hitate » : un programme adapté à notre génération pré-messianique.